Débat de haut niveau sur : ''l'Afrique que nous voulons'' - Les panelistes insistent sur l'intégration et le changement de mentalité

 

L'Afrique n'occupe pas encore la place qui doit être la sienne sur l'échiquier mondial, mais sa situation économique actuelle est meilleure que celle d'il y a quatre ans. C'est ce qui ressort du débat organisé le mercredi 21 mai 2014 dans le cadre des Assemblées annuelles de la Banque africaine de développement (BAD) qui ont lieu à Kigali.

La rencontre qui avait pour thème '' L'Afrique que nous voulons '' a réuni autour du président Paul Kagamé du Rwanda, la présidente de la Commission de l'Union africaine (UA), Nkosazana Dlamini-Zuma, la ministre nigériane des Finances Ngozi Okonjo-Iweala et le président de la BAD, Donald Kaberuka.

Invité par le modérateur du débat à analyser les performances économiques réalisées par le Rwanda au cours des dernières années, Kagamé a tenu à préciser que les pays du continent partagent les mêmes tares, et qu'il incombe aux Africains de jouer leur rôle pour faire avancer les choses.

« Pourquoi disposer d'autant de ressources naturelles et minières en Afrique et enregistrer toujours des records de pauvreté ? », s'est-il interrogé. Et le président rwandais d'inviter les Africains à se servir de leurs atouts pour avancer ».

Kagamé appelé à investir davantage dans l'éducation et la santé, deux secteurs essentiels souvent délaissés dans la conduite des politiques nationales. Il a insisté par ailleurs sur l'importance de l'intégration du continent, soulignant que la fragmentation des marchés régionaux constitue un « réel obstacle » pour accélérer le développement de l'Afrique.

« Le Rwanda a eu raison d'ouvrir ses frontières, car cela nous a surtout permis d'attirer des travailleurs qualifiés d'Afrique de l'Est et de combler le déficit des compétences dont nous souffrions », a-t-il expliqué.

Parlant du thème du débat, le chef de l'Etat rwandais a dit que l'Afrique dont il rêve est celle où les dirigeants tiendront eux-mêmes les rênes. « Les Africains doivent s'efforcer de changer leurs mentalités et retrouver leur dignité », a-t-il indiqué.

La présidente de la Commission de l'UA a soutenu qu'il ne faut pas désespérer de la situation de l'Afrique, mais qu'il « urge plutôt d'initier des politiques cohérentes pour permettre au continent de décoller ».

Insistant sur les potentialités de l'Afrique - notamment la jeunesse de sa population et sa forte croissance démographique - Dlamini Zuma estime qu'il faut consolider la croissance économique actuelle du continent.

La présidente de la Commission de l'UA est revenue sur les grands axes du programme ''Vision 2063'' élaboré par l'organisation continentale qui a notamment pour but de créer une « Afrique prospère et intégrée ». Elle a surtout invité les populations du continent à « arrêter de réfléchir en terme de frontières ».

Quant au président de la BAD, il pense que l'avenir de l'Afrique doit reposer sur une ferme volonté de ses habitants de changer le cours des choses, en vue de parvenir à un développement prospère.

« La question qu'ils doivent se poser est la suivante: Où voulons-nous aller et comment y arriver? », a dit Kaberuka. Puis de souligner que le rêve d'une Afrique prospère ne se réalisera que si l'intégration et la création d'un marché unique pour l'Afrique sont effectifs.

« Je rêve d'une Afrique qui ne va plus mendier et qui peut financer son propre développement, car elle aura les moyens de le faire », a dit Kaberuka qui a également plaidé pour l'instauration d'un passeport africain.

Les panelistes ont surtout été interpellés sur la question de la fuite des cerveaux et les difficultés pour les jeunes étudiants à poursuivre leurs études en Afrique.

En réponse à ces préoccupations, la ministre nigériane des Finances, Okonjo-Iweala a soutenu qu'il faut investir dans la jeunesse, soulignant que « l'Afrique dépense peu en ce qui concerne la recherche et l'innovation ». Et Okonjo-Iweala d'affirmer qu'elle souhaite voir une Afrique où les jeunes ne seront plus à la recherche d'un emploi, mais vont plutôt en créer.

SOURCE Groupe de la Banque africaine de développement (BAD)