ÉNERGIE : une nouvelle étude de la BAD dresse un état des lieux pour l'Afrique subsaharienne

L'Afrique est fort mal lotie en matière de desserte en énergie. Ce nouveau rapport dresse un état ds lieux de l'ensemble des difficultés qui plombent le secteur et entravent les échanges entre les quatre pools énergétiques de l'Afrique subsaharienne (Afrique centrale, de l'Est, australe et de l'Ouest).

L'accent est mis notamment sur la réponse à apporter aux difficultés liées aux infrastructures « non matérielles », qui freinent l'exploitation, la performance financière et le commerce régional dans le secteur de l'énergie. Au nombre de ces infrastructures non matérielles, figurent les réformes juridiques et réglementaires, la restructuration du secteur de l'énergie (qu'envisagent notamment des pays comme l'Angola, le Kenya et la Tanzanie), la planification énergétique et l'appui au renforcement du commerce régional de l'électricité. Relever ces défis renforcera les capacités du commerce régional d'électricité dans les quatre pools énergétiques d'Afrique et, partant, renforcera la sécurité énergétique tout en favorisant les économies d'échelle dans les investissements destinés au secteur de l'énergie.

Un secteur en pleine métamorphose et de nouveaux défis

Le secteur de l'énergie en Afrique est en pleine transformation, privilégiant de plus en plus des approches régionales plus intégrées à la planification et aux investissements énergétiques purement nationaux. En témoigne l'émergence de nombreux plans directeurs énergétiques régionaux, de codes de réseaux et d'interconnexion régionale, de plans de fonctionnement de marchés régionaux et les efforts déployés pour harmoniser les normes. Une étape cruciale consistera à mettre en œuvre et à rendre opérationnelles les directives régionales relatives à l'exploitation des systèmes et des plateformes pour le commerce régional d'énergie. Aussi est-il opportun de s'interroger sur les réformes et les compétences techniques requises pour qu'émerge un secteur énergétique interconnecté en Afrique.

40 milliards $/ an d'investissements requis

Sur le plan des infrastructures physiques, l'interconnexion des systèmes énergétiques régionaux en Afrique requiert des besoins en investissements fort bien documentés. Comme la plupart des régions du monde pauvres en énergie (le prix du kilowattheure en Afrique est l'un des plus élevés au monde), l'Afrique devra investir plus de 40 milliards de dollars EU par an pour doubler d'ici à 2030 ses taux actuels d'accès à l'énergie, selon les projections,.

Aujourd'hui, la BAD et les autres partenaires au développement se voient de plus en plus sollicités pour financer le renforcement de la performance technique et financière du secteur de l'énergie, et compléter les investissements dans les infrastructures physiques. Le présent rapport fournit un guide utile sur la façon dont la Banque peut mutualiser ces ressources dans le cadre d'approches régionales et nationales. Basé sur des entretiens, des enquêtes et des revues de littérature technique, le diagnostic couvre 88 intervenants de l'industrie électrique, dont les secrétariats des quatre pools énergétiques régionaux d'Afrique subsaharienne, les compagnies d'énergie, les régulateurs, les décideurs politiques et les centres de formation dans le secteur de l'énergie.

Réformes en vue

Les réformes du secteur de l'énergie en Afrique ne se sont pas toujours traduites par une amélioration de la performance financière et opérationnelle. Cependant, l'entrée d'acteurs du secteur privé et la mise en place de pools énergétiques régionaux interconnectés ont réveillé l'intérêt pour des réformes sectorielles soutenues, destinées à favoriser l'émergence d'un environnement propice aux investisseurs. Au nombre des conditions pré-requises, figure la mise en place d'institutions et d'un cadre réglementaire sains, la viabilité financière des compagnies d'électricité, et le développement de compétences pointues pour garantir une performance opérationnelle optimale.

Sans surprise, les quatre pools énergétiques régionaux peinent encore à réaliser le plein potentiel de l'intégration électrique régionale. Cela est dû au fait que les secteurs nationaux respectifs de l'électricité ne sont pas à tous au même niveau de réforme, de développement et de capacités financières, selon les pays. Du coup, les cadres réglementaires diffèrent (absence d'harmonisation technique et réglementaire), les institutions régionales et nationales s'avèrent faibles, des décalages se font sentir parfois entre les décisions d'investissement à l'échelle nationale et celles à l'échelle régionale, etc. Cependant, les quatre pools énergétiques régionaux sont clairement désireux d'œuvrer à l'harmonisation technique et de développer des marchés régionaux de l'électricité qui soient compétitifs.

Harmoniser les normes et cadres réglementaires

À l'appui de cette volonté d'approfondir l'intégration et le commerce de l'énergie au sein des pools énergétiques régionaux et entre eux, le rapport met l'accent sur cinq champs essentiels : (i) renforcer le cadre juridique et réglementaire régissant le secteur de l'énergie ; (ii) améliorer la performance des compagnies d'électricité qui constituent les pools énergétiques régionaux ; (iii) renforcer les capacités en matière d'exploitation de systèmes et de distribution ; (iv) soutenir les réformes pour favoriser l'émergence d'un environnement propice qui attirent les investissements dans l'énergie ; et (v) renforcer les compétences dans le secteur de l'énergie par la mise en place de centres d'excellence ciblé dans le secteur de l'énergie.

La Banque a déjà commencé à appliquer certaines des recommandations que formule le rapport et explore différentes voies pour inclure les réformes du secteur de l'énergie et le renforcement des capacités dans ses opérations à venir dans les infrastructures énergétiques.

Le rapport compte deux (2) volumes. Le tome 1 présente les résultats du diagnostic des besoins techniques dans le secteur de l'électricité en Afrique subsaharienne ; tandis que le tome 2 décrit le programme d'assistance technique et le plan de mise en œuvre proposés.

SOURCE Groupe de la Banque africaine de développement (BAD)