Jules Lejeune, directeur général de la Fédération européenne de l'étiquette autoadhésive, épingle les pistes de la croissance et de la rentabilité futures
Étiqueter l'avenir ? Un défi pour le secteur de l'étiquette, confronté à un changement exceptionnel sur de multiples fronts.
Une palette en plein développement de technologies et d'alternatives ; la dématérialisation « dans le nuage » de l'environnement des affaires ; la question urgente de la succession à la tête des PME ; la décision de maintenir une décision locale, de desservir un segment de spécialités ou d'aller à l'international ; le choix entre marchés géographiques mûrs ou économies émergentes... Autant de sujets pris à bras le corps par le secteur de l'étiquette au sein de la FINAT et de ses sociétés membres. La tâche première de la FINAT, en tant que fédération européenne du secteur, est d'aider ses adhérents, qui couvrent l'ensemble de la chaîne d'approvisionnement (matières premières, enduction des supports et complexage, jusqu'aux consommables de salle des machines et à la transformation des étiquettes), à baliser, et ensuite activer, leurs voies futures vers le succès.
Innovation technologique
L'innovation technologique change le visage de l'industrie de l'imprimerie tout entière. Alors que l'imprimé commercial recule au profit de la lecture téléchargeable, l'emballage connaît une croissance exponentielle. Il est le domaine clé, où le consommateur cherche à trouver, dans l'image de marque physique d'un produit, la confirmation de sa qualité, de sa fiabilité et de son pouvoir de séduction. Travaillant avec de nouveaux supports et des encres et vernis innovants, les transformateurs petite laize sont aujourd'hui en mesure de proposer à leur clientèle de marques et de grandes enseignes un spectre de solutions beaucoup plus large que les seules étiquettes autoadhésives. Les manchons thermorétractables et étirables, ainsi que les sachets souples en film et papier, en sont de bons exemples.
Cette capacité étendue enrichit également leur offre de procédés d'impression. Aujourd'hui avec les presses modulaires, il est possible de combiner plusieurs procédés « traditionnels » (flexo UV, sérigraphie, dorure) dans le même passage en machine, et ce en plus des applications de l'impression numérique pour la personnalisation, l'insertion de codes-barres, etc. Qui plus est, les presses numériques à étiquettes de nouvelle génération produisent aussi une haute qualité de résultat, tandis que la sophistication des solutions de prépresse électronique actuelles rend la conception, l'épreuvage et même le prototypage des produits, à la fois rapides et aisés, même si le client est à des milliers de kilomètres. Les courtes séries et la production d'étiquettes génériques en plusieurs versions pour une même marque font désormais partie du quotidien des transformateurs. Jamais les possibilités n'ont été aussi nombreuses – et la mise à disposition d'une base de connaissances sur les manières de les utiliser créativement au bénéfice des clients de l'imprimeur constitue l'une des activités clés de la FINAT.
Respect de l'environnement et fabrication au plus juste
Les marques mettent aujourd'hui tout en œuvre pour maintenir des coûts les plus bas possibles et optimiser leurs profits tout en présentant malgré tout une image « verte » au consommateur. En pareil contexte, les principes de la fabrication au plus juste et les pratiques écoresponsables (y compris la diminution en épaisseur du frontal et du dorsal, et le recyclage des déchets tels que la gâche de supports/encres/dorsaux au démarrage) doivent aussi être au centre des activités du transformateur. Notre secteur a déjà vu beaucoup de réelles avancées dans ce domaine où, compte tenu de toutes les facettes de l'étiquetage (y compris le transport et les stocks, ainsi que la préparation des lignes d'étiquetage et les problèmes d'immobilisation), les étiquettes autoadhésives peuvent vraiment apporter une solution « allégée ». La mesure du coût total affecté (TAC) constitue ainsi une bonne manière de prouver l'efficacité des solutions d'étiquettes autoadhésives.
Le commerce électronique a longtemps été l'une des clés d'une relation efficiente entre le fabricant de complexes et le transformateur d'étiquettes, dont le « back office » peut aujourd'hui être intégré de manière transparente avec l'équipement frontal. Il est essentiel d'utiliser les systèmes les plus à la pointe, en adéquation avec ceux des clients.
Rappel du contexte
D'autres matières significatives figurent au menu du transformateur d'étiquettes aujourd'hui. Le plus important est peut-être de se décider sur la manière dont il convient de faire avancer la profession en ce début de XXIe siècle. Le secteur de l'étiquette autoadhésive a parcouru un long chemin en sa relativement courte existence, dont de « jeunes pousses », conduites par des entrepreneurs visionnaires, ont donné le coup d'envoi il y a une trentaine d'années. Avec une configuration de salle de machines relativement bon marché, ils ont été en mesure d'offrir une énorme diversité à leurs clients, particulièrement en termes de formes d'étiquettes, et ce grâce à la finesse de résultat exceptionnelle d'une découpe par effleurement effectuée dans le même passage que l'impression de l'étiquette. La nature même du complexe de base – un sandwich composé d'un frontal imprimable enduit d'une couche d'adhésif et protégé par un dorsal antiadhérent – en a fait probablement le support d'étiquetage le plus souple et le plus polyvalent qui soit. Non seulement ses constituants sont variables, mais la stabilité du complexe rend possible une pose automatique à la fois précise, rapide et propre, à l'aide d'un dispositif applicateur simple.
Et maintenant ?
30 ans plus tard, les fondateurs de ces entreprises atteignent l'âge de la retraite et le processus de succession doit se mettre en branle. Dans ce qui constitue une activité de transformation de spécialité, le savoir-faire des jeunes dirigeants est crucial, aussi bien en termes de saine planification stratégique que de connaissance approfondie des technologies. Le « Club des Jeunes Managers » de la FINAT a été inauguré précisément dans cette perspective en 2008. Mais si une jeune génération désireuse de reprendre les rênes est une solution, d'autres possibilités existent. Une piste est la spécialisation : l'on trouve ainsi des imprimeurs d'étiquettes florissants au service d'industries spécialisées comme la pharmacie ou les vins et spiritueux. Sinon, les entreprises peuvent aussi envisager un élargissement de leur volant d'affaires. Sortant de leur base de fournisseur locale, elles peuvent se lancer dans un négoce transfrontalier, pour asseoir ensuite une présence internationale. Soit celle-ci sera conquise de manière indépendante, soit elle résultera de partenariats et d'alliances avec des sociétés, partageant les mêmes idées dans d'autres pays. Sans oublier, bien sûr, la voie des fusions et absorptions, siège actuellement d'une très forte activité. Dans cet environnement d'affaires, les imprimeurs de supports d'emballage autres que les étiquettes (de même que les imprimeurs commerciaux en difficulté) sont occupés à renforcer leur position à travers des rachats d'imprimeries d'étiquettes.
Les participants de la chaîne d'approvisionnement peuvent réaliser des économies et des gains de rentabilité aujourd'hui très évidents en devenant propriétaires d'activités en amont et en aval de la filière étiquette. Des grandes marques et des enseignes de distribution majeures envisagent aussi l'éventualité de se doter de leurs propres imprimeries d'étiquettes.
Soutien essentiel
La FINAT, en collaboration avec ses fédérations nationales partenaires en Europe, ainsi qu'avec le L9, groupe récemment constitué de neuf associations régionales du secteur de l'étiquette dans le monde, joue un rôle essentiel dans la mise sur pied d'une base de connaissances et d'informations professionnelles, consacrée à la législation aux échelons national, régional et mondial, et couvrant également la formation aux technologies. À la FINAT, nous apprécions beaucoup le travail de nos fédérations nationales partenaires et la manière dont elles contribuent à aider leurs membres transformateurs d'étiquettes à prendre les bonnes décisions concernant les voies d'évolution futures de leur activité.
À l'instar de la FINAT, les fédérations nationales doivent aussi se consacrer à accroître la visibilité de l'étiquette autoadhésive sur deux marchés finaux majeurs. À savoir : les secteurs des aliments et des boissons, encore majoritairement dominés par l'étiquette gommée.
En travaillant main dans la main, notre forte base d'associations d'intérêt mutuel peut mettre en place une solide rampe de lancement pour le développement d'une activité rentable et prospère, tous segments de marché confondus. Le secteur a d'ailleurs déjà vu l'émergence d'acteurs forts au niveau mondial.
Développement durable
Les préoccupations actuelles, partout dans le monde, en matière d'environnement, ont amené la FINAT et ses entreprises adhérentes à mettre fortement l'accent sur le flux de déchets du secteur et à jouer d'influence pour en clarifier le positionnement par rapport à la Directive européenne sur les déchets d'emballages. Cette initiative importante toujours en cours produit déjà des résultats appréciables.
L'étiquette – l'avenir ?
Quoi qu'il puisse advenir, l'avenir aura toujours besoin d'une étiquette. La fonction intrinsèque d'une étiquette est d'identifier le contenu d'un conditionnement. Long est le chemin parcouru depuis « l'étiquette » griffonnée à la main sur un sachet en papier kraft (probablement le premier exemple d'impression directe, une méthode d'étiquetage toujours en cours aujourd'hui !). Nous avons mis au point les étiquettes gommées, les autoadhésives, les moulées, les manchons thermorétractables et étirables, etc., et à présent, nous pouvons en apprendre davantage sur un produit en scannant le code QR de son emballage. Mais nous devons toujours sélectionner le bon produit en rayon, ce que seule l'une ou l'autre forme d'étiquette physique peut nous permettre de faire.
